Seul dans cette grande maison... [PV Shiroi]

C’est en plein milieu de la nuit que Shiroi c’était réveillé. Les yeux baignés dans l’eau. Ce n’était pas dans son habitude. De pleurer en fait. Il n’avait pas l’habitude de pleurer. Ça ne faisait pas partie de lui, cette facette-là. Insensible à l’extérieur, fontaine de sentiments par en dedans. Les yeux fixés au dessus de son lit, Shiroi pensait. Et finalement, il se releva, attrapa des vêtements au passage et sortit en courant de son dortoir. Tant pis, les profs n’avaient qu’à venir le chercher. Et ils le trouveraient, mais pas dans le bon sens du terme. Ses poings, il savait s’en servir…
Après plusieurs minutes de marche, voir une ou deux heures, une vieille maison c’était profilé devant lui. Déjà, le soleil faisait son apparition. Cela voulait dire qu’il avait tout de même flâné en chemin. Il enfoui sa main dans sa poche, laissant un soupire franchir ses lèvres. Sa mains attrapa son paquet de cigarettes, il en sortit une et se mit au bec. Il l’alluma ensuite pour en tirer une longue bouffée. C’était contre le règlement scolaire, mais bon, qui le respectait ? Il fit le tour de la maison avant d’arriver à un trou. Il s’y glissa et se retrouva dans une vaste pièce qui semblait être le hall de la cabane.
Et après quelques secondes de lookage, son regard se posa sur une ombre qui se profilait au sol. Alors il n’était pas le seul à être debout à cette heure-ci. Il s’avança donc lentement, faisant le moins de bruit possible, puis passa sa tête de l’autre côté du cadre de porte. Un faible sourire apparu au coin de ses lèvres pour s’effacer aussitôt.

« Ne…Qu’est-ce que tu fiches ici, Kureineru ? »

Du calme... De la tranquilité... Et surtout, du silence.
Voilà ce qu'avait cherché Ryuuji en venant ici. Ces trois choses, faisaient parties des râres choses qu'il appréciait depuis que l'enfer avait commencé... Depuis qu'il avait changé...
Et Ryuuji profita de ce calme pour s'allonger. Le bois du parquet fragilisé avec le temps craquait sous son poid quand il bougeait, mais ce bruit ne le gênait pas. Pas plus que les chants des oiseaux dans les arbres.
Il mit sa main droite derrière sa tête, après quoi il ferma les yeux, et se laissa bercer par le chant des oiseaux... ^^
Ryuuji était sans doute sur le point de s'endormir, étant sans doute rattrapé par le fait qu'il s'était réveillé tôt par rapport à la normale... Quand il entendit des grincements sur le parquet. De très léger, certes, mais le parquet grinçait tellement, qu'en tendant bien l'oreille, on l'entendrait, et c'est ce que faisait Ryuuji.
Tiens, pourquoi y avait-il des grincements ? Le nippon n'avait pourtant pas bouger, ce qui n'était pas un bon signe pour sa tranquilité >.<
Et le pire fut qu'il connaissait bien cette voix, et qu'elle faisait partie de celles qu'il ne voulait pas entendre aujourd'hui >.< Comme si il ne le voyait pas déjà assez en cours, et parce qu'ils partagent la même chambre...
Il fut donc contraint de se relever, pour se rassoir, ayant de nouveau le mur en bois comme appuit.

- Je pourrais te demander la même chose, Hogata.

Shiroi baissa lentement la tête. Ça faisait bizarre de se retrouver ici, après tant de temps. Et surtout que lui, il y soit aussi. C’était une longue, une très longue histoire. Mais cet endroit, ils l’avaient découvert à deux. L’adolescent tira une nouvelle fois sur sa cigarette, glissant l’une de ses mains dans ses poches pour venir s’adosser contre le l’embrasure de la porte. Ses grands yeux noirs se posèrent lentement sur son ancien ami. Une idée lui passait par la tête. Après tout, venant lui, ce n’était pas nouveau. Faire des conneries, ce n’était pas ce qu’il faisait le mieux auparavant ? Oui, c’était bien ça. Un faible soupire se glissa d’entre ses lèvres alors qu’il reporta son regard sur autre chose dans la pièce. Puis il se mit à avancer. Pour le moment, il semblait avoir ignoré ce que Ryu venait de lui dire. Mais en fait, ce n’était pas le cas. Il allait lui répondre, et de près en plus. Le jeune asiatique se dirigea directement vers son camarade de chambre puis se laissa tomber à genoux devant lui, de façon à être assit contre ses cuisses. Il tira une nouvelle fois sur sa cigarette avant de laisser la fumée s’écraser dans le visage du blond, un sourire moqueur accroché au visage.

« Et bien, tu me manquais mon chou. »

Un nouveau sourire se posa sur son visage alors qu’il poussa l’audace un peu plus loin. Il posa directement ses lèvres contre celle du jeune homme. De toute façon, Ryu était le premier à subir les conneries de Shiroi. Et Shiroi avait tout de même une petite idée de la réaction qu’il allait avoir.

Pendant l’espace d’une seconde, Shiroi se sentit bien. Bien comme jamais il ne l’avait été depuis plusieurs années. Il se sentait victorieux, dans un sens, d’avoir pu poser ses lèvres contre celle de Ryuuji. Parce que depuis le jour où il le lui avait annoncé, il ne c’était pas vraiment revu. Et jamais il n’avait eu la chance de poser ce petit geste. Comportement qui lui valu une poussée magistrale vers l’arrière. Il n’avait pas apprécié…Du coup, le nippon se retrouva sur sol, étendu sur son bras, le visage au niveau du sol. Ses grands yeux fixaient les vieilles lattes de bois, la poussière qui les recouvraient. « Mes sentiments pour toi ont changés mais… Pas dans le bon sens. » Ça, c’était un peu comme un coup de poing au visage. Même s’il le savait déjà. Juste à voir le tempérament du garçon, à regarder son tempérament à lui. Ils n’étaient plus les deux petits gamins insouciants d’autrefois. Mais valait mieux essayer que ne rien faire. Et là-dessus, Shiroi était assez bon.

« Itai… »

Le jeune homme se relevait finalement, laissant ses cheveux cacher son visage. De toute façon, il était dos à l’autre asiatique, ça ne changeait pas grand-chose. Juste la sensation de ne pas être vu par les autres. Sa main monta lentement jusqu’à ses lèvres, où ses doigts se posèrent, avant de redescendre pour reprendre leur place initiale. À regarder comme ça, Shiroi avait bien changé. Le petit garçon souriant, calme et toujours à l’ordre était devenu un grand dépravé prenant plaisir à se donner aux autres pour avoir un peu de « réconfort ». Il était chiant et méchant, de surcroît. On ne se demandait plus pourquoi personne ne l’aimait. L’adolescent soupira. Ses prunelles brunâtres se dirigèrent vers l’escalier, puis sur l’étage. Um, une rampe. Pour empêcher les gens de tomber. Ce pouvait être une alternative…Il secoua la tête avant de se retourner et de se diriger vers Ryuuji. Doucement, il fit passer ses bras autour de sa taille pour poser sa joue dans son dos, contre ses omoplates. Ryu avait toujours été plus grand que lui, et c’était encore le cas.

« Ryu-kun… »

Le ton venait de changer. Il était plus calme, moins provocateur. Un peu comme avant. C’était voulu, de toute façon. Laisser les vieux démons de côté pour un instant, ça lui ferait peut-être du bien. Et la proximité de Ryuuji le calmait.. Allez savoir pourquoi. Normalement, il prenait un plaisir fou à le faire chier. Le brun ferma les yeux, resserrant un peu son étreinte autour de la taille de son ancien ami, puis ouvrit la bouche. Un simple murmure. Une vieille, très vieille question, posé il y avait presque six ans…

« Pourquoi est-ce que tu ne m’aimes pas…? Répond-moi, cette fois-ci…Ne te sauve pas…Je t’en pris… »

J'étais toujours appuyé contre le rebord de la fenêtre, qui gémissait quelques grincements de temps à autres, tournant volontairement le dos à Shiroi qui était encore "couché" après que je l'ai poussé pour pouvoir me lever tranquillement. Et j'étais là, appuyé sur le rebord de la fenêtre, à regarder dehors, vérifiant de temps à autres que personne ne passait par là, pour être sûr de ne pas avoir à se faire éjecter de la vieille batisse. Après tout, elle était normalement menacée de s'éfondrer à n'importe quel moment, sous n'importe lesquels de leurs pas. C'est d'ailleurs pour ça qu'elle est soi-disant en train d'être détruite pour laisser plce à un plus beau bâtiment. Mais ça, ça fait des années qu'ils le disent en fait, mais ils ne l'ont jamais fait. La preuve, Shiroi et moi étions là, et il n'y avait absolument aucuns signes d'outils permettant de démolire une maison. Vraiment, ils inventeraient n'importe quoi pour nous empêcher de venir.
Puis, quelque chose (ou plutôt quelqu'un, inutile de vous dire qui), vint me tirer de mes rêveries... Alors, il était encore amoureux de moi ?... Et pourtant on se s'étaient pas revus depuis à peu près 6 ans. Cette phrase le prouvait, à moins qu'il soit un très bon acteur... A peu près la même phrase qu'avant.

- Parce que toi et moi...

Je m'arrêta un peu, puis reprit:

- Nous sommes devenus trop différents.

Je fermai les yeux. Les mains aussi. Elles se serrèrent un peu plus sur le chandail de Ryuuji. J’ai peur de la réponse, mais en même temps, c’est la chose que je souhaite le plus entendre. Elle me permettrait ainsi de savoir pourquoi. De retrouver un bout de moi perdu auparavant. Mais je savais qu’avec lui, c’était peine perdue. J’avais eu l’occasion de l’observer. Le petit Ryu d’autrefois avait extrêmement changé, tant au niveau physique qu’au plan psychologique. Je me surprenais même à le trouver bizarre, quelques fois. Mais je n’avais rien à dire là-dessus. J’étais beaucoup plus dépravé et impulsif que lui. Je foutais ma vie en l’air, après tout. La réponse arriva enfin. Mes mains lâchèrent le chandail de mon ancien ami pour retomber à mes flancs. Alors c’était ça ? Trop différents ?

« Sou ka… »

Je me tournai rapidement. Et je pris le chemin inverse, laissant traîner mes pieds sur les vieilles planches. Le plancher aurait pu s’effondrer là, juste sous mes pieds, ça ne m’aurait rien fait. Pour la deuxième fois de ma vie, je venais de me faire briser le cœur, et ce par la même personne. Je devais être masochiste… Je relevai la tête vers l’escalier, puis posai mes yeux sur une fenêtre, à l’opposé de Ryuuji. Être trop différent. C’était idiot comme raison… Je reportai mon regard sur le sol alors que je me rendais vers la fenêtre. J’y posai mes bras, avant d’y poser ma tête, puis fermai les yeux.

« Tu aurais pu donner une raison que j’aurais pu croire… »

Je serrai les poings. Je n’aimais pas sa raison, non. La différence… Lui aussi, il avait changé. Sauf que moi, je pouvais redevenir sérieux le temps de quelques heures. J’avalai difficilement ma salive. Je me trouvais vraiment pathétique… J’ouvris la bouche, pour parler. Sauf que ma voix se cassa au premier mot. Idiot…

« Un truc du genre : J’en aime une autre. Mais pas ça… »